🌺 Dur dur d'être un Hippie

#02 - Pourquoi rendre l’écologie plus joyeuse est un pari risqué ?

Hello 😃

J’espère que vous allez bien. Merci d’embarquer dans cette aventure, nous sommes déjà plus de 650 ici !

La semaine dernière, nous avions, entre autres, parlé de la froideur des messages scientifiques pour alerter sur l’urgence de changer de mode de vie (ici).

Cette semaine, on va parler d’un exemple d’une vision radicalement opposée.

Accrochez des fleurs dans vos cheveux 🌺, nous prenons la direction du “flower power” et de ses couleurs psychédéliques. Ce sera l’occasion de voir pourquoi il peut être risqué de prendre une voie trop joyeuse.

C’est parti pour un petit voyage dans le temps !

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Intro

« Ce qui me plaît le plus, c'est quand les gens créatifs s'emparent du sujet climatique et le détournent, avec les codes de l'humour. C'est un levier d'action très puissant. » Valérie Masson-Delmotte, Directrice de recherche au CEA et membre du GIEC
Le Monde

La rigueur scientifique manque un peu d’émotion. C’est normal, ce n’est pas le rôle de la science de raconter des belles histoires.

Mais ça ne veut pas dire que c’est impossible. On peut créer de récits futuristes soutenables et souhaitables.

Cela devrait être plus facile de changer pour un quotidien plus joyeux non ?

C’est plus simple à dire qu’à faire. Il ne suffit pas de promettre des lendemains meilleurs pour qu’on y croie.

Et incarner une image joyeuse de l’écologie, n’est pas forcément bien perçu. C’est ce que notre récent passé nous montre au travers de l’expérience hippie.

Qui étaient les hippies ? Vous en souvenez vous ? On commence par une petite présentation.

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1- Les Hippies - qui étaient-ils ?

source photo

Le mouvement hippie est né aux alentours de 1965 aux Etats Unis. C’est à partir de ce moment-là qu’on commence à parler d’eux en tant que hippies.

Il s’est un peu déployé hors des Etats Unis. Il a fait une petite apparition en France, mais sans réussir à se faire une place dans les mouvements contestataires de l’époque.

Ce mouvement a été assez court finalement. Il a commencé à décliner fin 1969, à la suite de l’assassinat d’un spectateur pendant un concert de Rolling Stones.

Peace, love & contestation … commençons par un peu de contexte :

Quand on parle des hippies aujourd’hui, on s’imagine des personnes avec des cheveux longs, des lunettes rondes, habillées en couleurs psychédéliques et amatrices de psychotropes.

Mais ils étaient plus que cela évidemment !

On définit le mouvement hippie comme un mouvement de contre-culture, c’est-à-dire un mouvement culturel contestataire. Il s’est incarné dans la musique, la photographie, le cinéma …

Les hippies sont de la génération née juste après la Seconde Guerre mondiale. Ils rejettent ce qu’est devenue la société américaine d’après-guerre.

“Don’t trust anybody over thirty” Jack Weinberg

À cette époque, la croissance explose. L’industrie de masse se développe et la consommation ne cesse d’augmenter. Le féminisme monte en puissance. C’est aussi à cette période que les Etats Unis prennent part à la guerre du Viêt Nam et que Martin Luther-King se fait assassiné.

Le mouvement hippie s’est illustré au travers de 2 grands événements qui ont marqué les esprits : pendant l’été 1967 à San Francisco et lors du festival de Woodstock en 1969.

1967 - San Francisco, premier moment fort des hippies :

On se met dans l’ambiance avec San Francisco de The Mamas & The Papas ? “If you're going to San Francisco, Be sure to wear some flowers in your hair” 🌺 🎶

Pendant l’été 1967, à San Francisco, c’est le “Summer of Love” ❤️ : des milliers de jeunes se sont réunis pour vivre une nouvelle expérience sociale. Le grand public a ainsi pu découvrir le mouvement hippie.

Au programme : lecture de poésie, concerts gratuits, théâtre de rue, activisme, … Un hôpital gratuit a été installé pour l’occasion. De la nourriture était distribuée gratuitement ainsi que de la drogue. On y prône l’amour libre.

Le “Summer of Love” a attiré 200 000 personnes du monde entier, qui sont rentrées chez elles avec de nouveaux idéaux.

1969 - Le mythe Woodstock

En août 1969, vient le festival de Woodstock, qui ne s’est pas déroulé à Woodstock d’ailleurs. Il s’est déroulé à Béthel, car les habitants de l’époque l’ont refusé, mais il était trop tard pour changer le nom du festival.

« Trois jours de paix et de concerts. Des centaines d'hectares à parcourir. Promène-toi pendant trois jours sans voir un gratte-ciel ou un feu rouge. Fais voler un cerf-volant. Fais-toi bronzer. Cuisine toi-même tes repas et respire de l'air pur. » source

Ce festival musical a accueilli 500.000 spectateurs, au lieu des 50.000 attendus initialement. Il a même duré 1 jour de plus que prévu. Ceux qui l’ont vécus en parlent comme d’un moment exceptionnel. C’est devenu un mythe.

Maintenant, le décor est planté : le mouvement hippie est né dans un contexte très mouvementé. Il est l’expression du rejet de l’Américan way of life par une jeunesse idéaliste. Voyons maintenant les liens que l’on peut faire entre les fondements de ce mouvement et la crise écologique actuelle.

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2- Quels sont les points communs entre les hippies et les écolos ?

Quand on regarde de plus près ce qui anime les hippies, on retrouve des points communs avec la crise écologique d’aujourd’hui.

Les 5 principes essentiels à la philosophie hippie selon Anne Lombard :
“Le refus de l’aliénation, la fuite, le retour à la nature ;
La quête chimique ;
L’expansion de la conscience intérieure ;
L’Amour (compassion bouddhiste et charité du Christ) ;
L’héritage spirituel de Gandhi.”

Ils prônaient le retour à la nature et la volonté de vivre en harmonie avec le vivant. Ils considéraient que le mode de vie de l’époque n’était pas soutenable et détruisait notre écosystème. Ils s’intéressaient à la culture amérindienne dans la volonté de développer une perception du monde différente, reconnectée au vivant.

Beaucoup de hippies ont rejoint des communautés agricoles. La culture et la consommation de produits bio, l’utilisation d'énergie renouvelable et le recyclage faisaient partie de leur quotidien.

Et de manière plus anecdotique, c’est par exemple en 1968, qu’a été édité le premier “Whole Earth Catalog” par Stewardt Brandt.

Ce catalogue proposait des produits utiles à un mode de vie créatif et autosuffisant classés de la manière suivante : comprendre les systèmes d'ensemble, abris et utilisation du terrain, industrie et artisanat, communications, communauté, nomades et apprentissage

Aujourd’hui, on peut trouver le catalogue GoodPlanet.org (2008), dont la publication a été dirigée par Yann Arthus Bertrand. Ce livre rassemble le travail de journalistes qui ont identifié 1000 produits et conseils pour consommer de manière responsable.

Quelques années avant la publication de ce catalogue, Stewardt Brandt avait lancé une campagne pour que la NASA publie une photo satellite de la terre. Il pensait que cette image pourrait générer un sentiment de destin partagé.

Cela peut faire penser au projet “Bluturn” de Jean-Pierre Goux, qui propose de vivre une expérience s’inspirant des récits des astronautes et de ce qu’ils ont ressentis en voyant la terre depuis l’espace.

Pour conclure, voici 2 derniers exemples qui font écho à ce qu’il se passe aujourd’hui :

• Les hippies rejetaient le mode de vie de leurs parents, les valeurs traditionnelles :(associées au travail, à la réussite sociale et la société de consommation, la classe moyenne…). Beaucoup avaient choisi de devenir artisans. C’était un moyen pour eux d’avoir un mode de vie libre. C’était aussi une volonté de refuser la voie de l’ascension sociale.

• Le mouvement hippie était aussi un mouvement de désobéissance civile pacifiste, incarné par les fameux slogans “Peace & Love” et “Faites l’amour par la guerre”.

La “hippie way of life” semble bien loin de la vision écolo-relou, froide et inquiétante d’aujourd’hui. Et pourtant, on ne peut pas dire que leurs messages soient mieux passés.

Est-ce que finalement, le côté très funky des hippies leur aurait porté préjudice ?

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3- Trop de funky, tue le funky

Les hippies ne mettaient pas en avant un discours froid et alarmiste. C’était plutôt “Sexe, drogue & Rockn’roll”, résultat :

• Les hippies étaient considérés comme des marginaux représentant une menace sociale.

• Ils choquaient beaucoup la société de l’époque.

• Beaucoup de moyens de répression ont été utilisés à leur encontre pour les remettre dans le “droit chemin”.

• Ils n’étaient pas pris au sérieux.

Rien que le nom “ Hippie” a été utilisé la première fois de manière péjorative. Le nom est tiré du terme “Hipster” utilisé dans les années 40 pour décrire des amateurs blancs de jazz et leur mode de vie bohème.

« On ne s'est jamais appelé hippies, c'est un mot qui a été créé par Herb Caen, chroniqueur au San Francisco Chronicle, pour nous infantiliser » déclare Peter Coyote - un acteur américain qui a fait partie du mouvement hippie.

Les membres de ce mouvement préféraient s’appeler les “Flower Children”, les “Beautiful People”.

La société de consommation a su tirer parti de l’image du mouvement à des fins commerciales pour en faire une mode, contre le gré des hippies.

Même si le mouvement hippie a laissé son empreinte dans l’histoire, quand on dit a quelqu’un qu’il est un hippie, c’est rarement un compliment.

Bien sûr il y a eu des “débordements” (oui, c’est un euphémisme !), l’omniprésence de la drogue et le libéralisme sexuel ont forcément eu de fortes répercussions. Cela devait être particulièrement choquant à la fin des années 60.

On ne peut pas faire de transposition telle quelle du mouvement hippie à notre époque.

Mais ce que je trouve intéressant dans ce parallèle, c’est de constater que les hippies avaient choisi de mettre en pratique de manière assez joyeuse leur vision de ce que devrait être une vie reconnectée au vivant plutôt que de chercher à faire peur avec un argumentaire scientifique. Même sans la drogue, ils n’auraient pas été plus écoutés, je pense.

Cela fait réfléchir sur l’intérêt d’enchanter l’écologie. Finalement, quand on vient remettre en cause un système, le dit système va forcément réagir, quelle que soit la manière dont on va le faire. L’empire contrattaque quoi ! 😜 La preuve, on en vient aujourd’hui à remettre en cause des consensus scientifiques.

Pour ma part, c’est la peur qui m’a fait changer. Mais pourtant, ce n’est pas la voie que j’ai envie de choisir pour essayer de sensibiliser le plus de monde possible.

Je suis convaincue malgré tout de l’intérêt d’enchanter l’écologie, mais :

• Pour des raisons bien spécifiques :

  • Pour être créatif, et être au meilleur de ses capacités pour résoudre des problèmes complexes, il faut être bien dans sa tête

  • Je suis convaincue que changer de comportement pour un bénéfice positif est plus rapide et plus pérenne qu’un changement occasionné par la peur ou la culpabilité.

  • Et tout simplement, car cela devrait donner envie de changer. Les personnes qui ont des IPhones n’ont pas été convaincues par la peur de ne pas en avoir, et Apple n’a pas dû recruter des armées de consultants spécialistes en conduite du changement pour qu’ils soient adoptés.

• Et en expliquant pourquoi, pour que ce soit un choix conscient et pas simplement un truc supplémentaire que l’on subit.

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Mes idées pour présenter l’écologie sous son meilleur jour

Finalement, faire le pari d’une écologie trop joyeuse pourrait aussi décrédibiliser la cause. Mais on fait quoi avec ça ? Voici quelques pistes d’actions, côté pro 💻 et côté perso 🏡 :

🤔 Le problème : L’écologie est une remise en cause profonde de notre société et de la vision du monde qui va avec. Cela crée forcément des turbulences.

🤯 Résultat : Le système se défend.

💻 Pistes d’actions côté pro 💻

Pour minimiser les risques de turbulences quand on veut mettre en place une démarche écologique en entreprise, on peut proposer des méthodes qui répondent à la fois à des enjeux économiques et écologiques.

C’est le cas de l’écoconception. C’est une démarche qui permet à la fois de diminuer l’impact environnemental d’un produit tout en restant économiquement viable et en gagnant en compétitivité.

➡️ Si vous voulez vous y mettre, l’ADEME propose, sous conditions, de co-financer une mission d’initiation à l’écoconception, via le dispositif TREMPLIN.

➡️ Vous pouvez également consulter les ressources proposées par Circulab pour rentrer un peu plus dans le détail. Par exemple, dans sa boite à outils, Circulab propose des canvas qui permettent d’analyser la chaîne de valeur d’un projet, d’adopter la meilleure stratégie et de concevoir des solutions responsables.

➡️ Il existe des méthodes adaptées à la conception de services numériques. Vous pourrez trouver beaucoup de ressources chez Green IT, ou encore chez les Designers éthiques. En plus, la sobriété numérique rime souvent avec meilleur performance internet, alors pourquoi s’en priver ?

🏡 Pistes d’actions côté perso 🏡

Là aussi, il existe des moyens de parler d’écologie en minimisant les risques de turbulences. On sait que l’écologie est un sujet sensible qui peut provoquer des levées de bouclier. Et on a vu que présenter le sujet de manière trop “enchantée” peut être risqué, tout autant que de parler de risques et d’alertes.

Un bon moyen de parler écologie de manière positive, c’est de partager les bénéfices apportés par les changements de comportements.

➡️ Par exemple :

• Prendre des douches plus courtes me fait économiser de l’argent et du temps.

• Emmener et récupérer les enfants à pied à l’école me permet de m’aérer et de bien commencer ma journée.

• Acheter les vêtements des enfants en seconde main me fait économiser.

Dans tous les changements que j’ai opérés, je ne reviendrais pas en arrière, car au final, je me sens mieux et j’ai une meilleure qualité de vie.

En parler de cette manière permet de rester sur des éléments factuels, concrets et positifs.

Si vous avez besoin d’idée pour apporter des changements positifs dans votre quotidien, je ne peux que vous recommander la lecture de La Pause, la newsletter de Karline dont le premier épisode est sorti hier !

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Fin de l’épisode, merci d’être arrivé jusqu’ici !

À jeudi prochain 😊

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Pour approfondir le sujet

Si vous voulez en savoir plus sur les hippies, voici 2 livres qui m’ont bien aidée :

• “San Fransisco L’utopie hippie” Steven JEZO-VANNIER - Le mot et le reste (2020)

• “La révolution hippie” Frédéric ROBERT - PUR (2011)

Et si vous préférez le format vidéo, voici 2 vidéos d’archives :

• Reportage à San Fransisco

• Reportage en France