Bonjour à tous 🌸
J’espère que vous allez bien. Le printemps commence, ça fait du bien non ? J’aime bien les débuts de saison, penser à tout ce qui arrive avec comme changements.
Mais bon, pour pouvoir continuer à en profiter, il y a 2 ou 3 p’tits trucs à changer dans notre société. Et force est de constater que ce n’est pas si simple…. car il nous manque, entre autres, des clés de compréhension de notre mode de fonctionnement.
Dans cette 5ème édition, nous allons parler de l’importance d’en savoir un minimum sur ce qui se passe dans notre boîte noire … euh crânienne, pardon 🤭 pour trouver plus facilement le chemin de la transition écologique.
Plouf, c’est le moment de plonger !
P.S : Si vous nous rejoignez aujourd’hui, je vous conseille de lire les épisodes dans l’ordre. Ce sera plus facile à lire et c’est comme cela que cette newsletter vous apportera le plus. Pour lire le premier épisode, c’est par ici.
Intro
Savez-vous combien de stimuli commerciaux, nous recevons par jour en moyenne ?
💣… On nous envoie en moyenne 15.000 stimuli commerciaux par jour et par personne, dont 1.200 à 2.200 messages publicitaires 😱 (Source)
Nous vivons dans l’ère de l’économie de l’attention : notre attention a un prix, elle est de plus en plus recherchée. Les techniques pour la capter deviennent de plus en plus perfectionnées. Et ce n’est pas souvent pour notre bien.
C’est quand même fou de réaliser que :
D’un côté, il y a des personnes qui consacrent leur temps et leur énergie à accroître leur connaissance de ce qui se passe dans notre tête pour nous garder captifs de la société de consommation.
Et de l’autre, il y a des personnes qui cherchent à s’extirper de la société de consommation sans forcément avoir conscience de tous les mécanismes sur lesquels on joue pour les maintenir sous emprise.
C’est la raison pour laquelle nous allons prendre un peu de temps aujourd’hui pour répondre à la question suivante :
🔦 Pourquoi-il est urgent de s'intéresser à notre cerveau ?
1- Cerveau, qui es-tu ?
Nous savons ce qui se cache dans notre tête, ok. Cet organe s’appelle le cerveau. Il nous permet de parler, de bouger, de décider, de ressentir le monde, …., très bien
Il fait partie des organes vitaux.
C’est d’ailleurs pour le protéger d’un manque d’oxygène que la réanimation cardio-pulmonaire est effectuée en cas d’arrêt du cœur.
Si le cerveau est privé d’oxygène trop longtemps, les lésions qui en découlent sont irréversibles. Même si le cœur redémarre après cela, on n’est plus vraiment considéré comme vivant.
Carte d’identité du cerveau
Commençons par quelques informations descriptives :
Le cerveau représente 0.2 % de notre poids corporel.
La taille ne compte pas dans l’intelligence 😉 : non seulement Einstein avait un cerveau légèrement plus petit que la moyenne masculine, mais si c’était le cas, les éléphants et les baleines nous mettraient KO sur ce plan.Il consomme environ 20 % de notre énergie et de notre oxygène, c’est l’organe le plus consommateur de ressources dans notre corps.
Il contient à peu près 86 milliards de neurones et quelque chose comme 1 millions de milliards de synapses, c’est ce qui permet aux neurones de se connecter.
C’est tellement énorme que c’est très difficile de se le représenter.Il est constitué de 2 hémisphères et il est cartographié en lobes dont chacun a des fonctions spécifiques.
Le cerveau capte 11.000.000 d’impressions sensorielles par jour, nous en percevons une quarantaine consciemment.
“Il prend” environ 35.000 décisions par jour… pas étonnant qu’il consomme autant de ressources !
Bref, c’est une sacrée machine !
Et ce qui va nous intéresser aujourd’hui c’est le rôle de notre cerveau dans notre comportement quotidien, notre attention, notre mémoire, etc..
Il y a un domaine des neurosciences qui s’y consacre.
Les neurosciences cognitives, ça vous parle ?
Les neurosciences cognitives sont le domaine des neurosciences qui s’intéressent spécifiquement le rôle de notre cerveau dans : la perception, la motricité, le langage, la mémoire, le raisonnement, les émotions ...
C’est seulement vers la fin des années 1970 qu’elles se sont véritablement constituées en discipline unifiée. C’est assez récent donc !
Et cela explique pourquoi il y a encore beaucoup de mouvement et relativement peu de consensus scientifiques dans ce domaine.
Sans compter que les études à mener sont difficiles à mettre en œuvre. En effet, elle nécessite un équipement assez lourd qui limite la réalité des expériences que l’on peut réaliser.
Malgré tout cela, nous avons beaucoup appris dans ce domaine et nous continuons à le faire. Nous allons rentrer un tout petit peu dans le détail dans la partie suivante.
2- Notre cerveau est un champion de l’économie et de la survie
Pour pouvoir capter autant d’impressions sensorielles et prendre autant de décisions en si peu de temps, on peut se dire au finalement, consommer 20 % de l’énergie et de l’oxygène du corps, ce n’est pas si énorme.
Cela signifie qu’il y a beaucoup de mécanismes utilisés par notre cerveau pour optimiser au mieux l’utilisation des ressources dont il dispose.
Et si vous connaissez un peu le sujet, vous vous attendez à ce que je parle des biais cognitifs, un des mécanismes utilisé par le cerveau pour aller plus vite. Gagné ! C’est ce qui va suivre.
Les biais cognitifs
« Un biais est une distorsion (déviation systématique par rapport à une norme) que subit une information en entrant dans le système cognitif ou en sortant. Dans le premier cas, le sujet opère une sélection des informations, dans le second, il réalise une sélection des réponses. » Jean-François Le Ny
Ce sont des mécanismes qui peuvent se révéler très efficaces pour assurer notre survie, car ils permettent de traiter plus rapidement des informations et passer à l’action.
Ils ont été particulièrement utiles pour permettre le développement de l’espèce humaine.
Il en existe beaucoup et ils ne sont pas tous marqués de la même manière chez tout le monde.
Le problème, c’est qu’ils sont inconscients.
Prenons quelques exemples :
😑 Le biais de statu quo : Ce biais est assez bien illustré par ce proverbe : ”On sait qui l'on quitte, on ne sait pas qui l'on prend.”
C’est celui qui nous incite à nous méfier du changement, à vouloir minimiser les risques de pertes et nous fait préférer l’immobilisme. Ça vous parle ? 🤔
On peut dire que ce biais explique en partie pourquoi on a du mal à spontanément adopter un nouveau mode de vie.
On passe beaucoup de messages pour dire que la survie de l’humanité est en danger et que pour nous en sortir il faut engager de grands changements. Pour sauver les meubles, minimiser le risque de pertes, il faut imaginer une nouvelle société. Et avec ce biais, notre cerveau nous pousse inconsciemment à faire le contraire : à ne surtout pas changer.👌 Le biais de confirmation : Ce biais est celui qui nous incite à préférer les informations qui vont dans le sens de nos réflexions.
Quand vous dites à quelqu’un : “j’aime beaucoup ce que vous dîtes”, c’est souvent parce que ses paroles confortent vos idées.
C’est ce qui peut expliquer que les climatosceptiques vont faire particulièrement attention au moindre épisode de froid pour dire que le climat ne se réchauffe pas par exemple.
C’est aussi ce biais qui nous conduit à plus facilement discréditer une information qui ne va pas dans notre sens, voire à l’ignorer.
À l’heure où nous devons être particulièrement vigilants et faire preuve d’esprit critique, c’est important d’avoir conscience de ce biais pour le contrer.🤨 Le biais de négativité : Ce biais traduit 2 distorsions : nous retenons plus facilement les informations négatives et nous sommes plus facilement marqués par une expérience négative. Ce biais influence à la fois nos perceptions et nos décisions.
Alors qu’il faut une expérience négative pour nous convaincre, il en faut 5 positives pour arriver au même résultat.
Une étude menée par des chercheurs canadiens en 2014 a montré que même des personnes déclarant préférer voir des informations positives, choisissent finalement des médias qui privilégient les informations négatives et catastrophistes.
Bref, on n’est pas prêt d’arrêter de ramer pour que l’opinion s’intéresse plus aux aspects positifs de la transition écologique.
Cela permet aussi de mesurer l’impact d’un échec ou d’une expérience ratée et la difficulté de réussir à convaincre qu’un changement peut être positif.
Fin du voyage au pays des biais cognitifs, qui comme vous l’aurez compris, ne sont plus parfaitement adaptés à notre contexte et nous amènent à distordre la réalité.
Passons maintenant à un autre phénomène important à connaître : la dissonance cognitive.
La dissonance cognitive
Il s’agit d’une tension mentale que l’on ressent quand nous sommes face à un conflit entre nos pensées, nos valeurs et nos actions. Pour apaiser cette tension, nous avons tendance à trouver des justifications à l’incohérence à laquelle nous sommes confrontés.
Là encore, tout se passe de manière inconsciente, enfin, tant qu’on ne sait pas que cela existe.
Prenons l’exemple d’une personne qui travaille chez Total, qui prend conscience de la crise écologique et du rôle des énergies fossiles dans le dérèglement climatique. Ses valeurs et ses croyances, se retrouvent en contradiction avec son travail.
Et bien la dissonance cognitive pourra l’amener à justifier son comportement de différentes manières : en se disant qu’elle soit présente ou non chez Total, ça ne changera pas la face du monde ou encore qu’elle compensera le fait de travailler pour Total par d’autres actions en dehors, …
Et cette tendance à vouloir apaiser ce type de tension nous maintenir dans des schémas dont nous voudrions sortir, par exemple s’autoriser à utiliser la voiture pour un petit trajet car on n’a pas manger de viande le midi.
Bon, c’est bien joli tout ça, mais que fait-on une fois que l’on commence à comprendre que nous ne sommes pas des êtres si logiques et rationnels qu’on l’imagine ?
Quel est le lien avec la transition écologique, au-delà des éléments que nous avons abordé précédemment ? Quel est l’intérêt de s’intéresser à ce que nous avons dans le crâne ?
C’est justement ce dont nous allons parler dans la 3ème partie.
3 - Au moins 2 raisons de s’intéresser à notre cerveau
Avoir conscience du mode de fonctionnement de notre cerveau, de l’existence des biais cognitif, de la dissonance cognitive, nous permet de comprendre un peu mieux notre propre mode de fonctionnement. C’est intéressant à plusieurs titres.
1- Pour mieux comprendre nos comportements face à la crise environnementale
On a vu dans la partie précédente que notre cerveau, pour être efficace et assurer notre survie, peut nous amener à distordre la réalité sans que nous n’en ayons conscience.
Savoir que cela existe et comment cela peut nous influencer est une première étape primordiale, même si cela ne suffit pas.
Quand on les identifie cela peut nous donner des pistes pour les contrer : par exemple, pour limiter l’effet du biais de confirmation, on peut chercher à multiplier les sources d’informations et à se forcer à lire des informations contradictoires à nos idées préconçues.
Quand on sait qu’inconsciemment, on peut avoir peur du changement, et ce, particulièrement quand on se sent en danger (ce qui est le cas avec la crise écologique) on peut relativiser notre réaction.
On comprend aussi pourquoi il est plus facile de croire une dystopie d’une utopie ou encore pourquoi il est si difficile de montrer qu’agir pour la transition écologique peut être positif.
Et puis , ce qui est incroyable, c’est que notre cerveau est plastique, il peut créer de nouveaux chemins neuronaux. À partir du moment où on a identifié un mécanisme cérébral, on va en prendre conscience de plus en plus facilement.
2- Car il y a beaucoup de gens qui s’en servent pour capter notre attention, nous faire acheter toujours plus ….
Et oui, il y a des personnes dont le métier est d’étudier les comportements humains dans l’objectif de capter notre attention. Et cela passe bien souvent par une connaissance du mode de fonctionnement de notre cerveau.
Quand je me suis intéressée à l’UX Design, j’ai notamment découvert qu’il existait des systèmes qui sont capables de retracer le chemin de notre regard en parcourant notre écran pour savoir où placer les informations.
Il existe des techniques dites “persuasives”. Par exemple, des tests ont montré que pour maximiser les chances de faire accepter une proposition, il est préférable de :
- commencer par demander quelque chose qui demande un plus grand engagement que ce que l’on souhaite obtenir,
- puis de présenter la proposition que l’on souhaite faire valider.
Il y a énormément de techniques marketing et commerciales qui tiennent compte de nos biais, de notre besoin de gratification, de notre besoin de cohérence, …
Les algorithmes des réseaux sociaux sont très opaques. Mais une chose est certaine, ils s’appuient, entre autres, sur nos biais et notre besoin de gratification eux aussi pour nous garder captifs.
Ce qui serait chouette, c’est que l’on envisage de se servir de ces connaissances consciemment pour faciliter les changements d’habitudes et le passage à l’action.
Pour moi, avoir un minium de compréhension de notre fonctionnement, de nos comportements, de nos réactions, … c’est aussi important finalement que de comprendre le problème de fond de la crise écologique, si on veut aller sur le chemin de la transition écologique.
Essayer de sortir de la société de consommation sans avoir un minimum de connaissance sur ce qui fait que nous sommes sous emprise …
… c’est comme essayer de se soigner tout seul sans avoir aucune connaissance en médecine, et entouré par des médecins qui font tout pour que tu restes malade.
Sur un malentendu, ça peut marcher … mais il faut une bonne dose de chance !
Mes idées pour changer la donne
Comprendre comment nous fonctionnons est une des clés importantes pour prendre le chemin de la transition écologique.
….. Mais on fait quoi avec ça ? Voici quelques pistes d’actions, côté pro 💻 et côté perso 🏡 :
🤔 Le problème : Notre cerveau est un organe complexe qui utilise des mécanismes inconscients.
🤯 Résultat : Nous pensons être logiques et rationnels, alors que certaines de nos réactions ne sont plus adaptées à notre réalité. Et si nous n’en avons pas conscience, nous subissons la situation et cela peut être utilisé contre nous. Cela peut même constituer un frein à notre passage à l’action.
💻 Pistes d’actions côté pro 💻
Pour en apprendre plus sur notre comportement, la formation en ligne Sator intitulée “le pouvoir du cerveau” par Guillaume Vergez est très bien faite.
La fresque du facteur humain peut être aussi une très bonne expérience. Elle va au-delà de la prise en compte des biais cognitifs dans nos comportements. Elle intègre également l’influence de nos émotions et des facteurs sociaux et on en ressort avec des pistes concrètes pour faciliter le passage à l’action.
Pour mettre en œuvre des solutions numériques, plus respectueuses, je vous recommande de vous intéresser aux travaux des Designers Éthiques
🏡 Pistes d’actions côté perso 🏡
La fresque du facteur humain est aussi accessible pour les citoyens
Albert Moukheiber est un docteur en neuroscience qui prend régulièrement la parole pour vulgariser les neurosciences justement. Il intervient dans différents podcasts, dans ceux que je préfère, il y a :
L’épisode 93 de Sismique, le podcast de Julien Devaureix sur le thème “Sommes nous rationnels ?”
Sa série sur notre perception de la réalité pour le podcast “Votre cerveau” de France Culture. Il fait faire des petites expériences qui permettent de bien appréhender le sujet.
Si vous avez d’autres pistes d’actions, n’hésitez pas à les partager en commentaires.
Et voilà, c’est fini ! Nous venons de voir ensemble une infime partie d’un vaste sujet sur lequel je pense revenir dans de prochains épisodes. Si vous avez des attentes particulières, n’hésitez pas à m’en faire part en commentaire d’ailleurs !
Bonne journée :)
Florence
Pour approfondir le sujet
Si vous voulez explorer la longue liste des biais cognitif identifiés, il y a une cartographie très utile à connaître ICI
Côté livre, je vous suggère pour les adultes : “Votre cerveau vous joue des tours” - Albert Moukheiber - Allary (2019)
Côté livre, pour les enfants de 7 à 11 ans : “Le cerveau pas bête” - Albert Moukheiber, Raphaël Martin, Pascal Lemaître - Bayard Jeunesse (2023)
Côté livre, pour les ados : “C’est (pas) moi, c’est mon cerveau !” - Mathieu Cassotti, Grégoire Borst - Nathan (2022)
Super intéressant !!! Justement j’allais chez ma libraire lui commander quelques livres, j’en rajoute à la liste 😉