😅 Cap ou pas cap ?

#04 - Pourquoi il faut agir... et parfois sans trop réfléchir avant ?

mars 07, 2024

Bonjour à tous 🌼

J’espère que vous allez bien. C’est jeudi, on se rapproche du week-end !

Dans cette 4ème édition, nous allons parler de l’intérêt de passer à l’action pour lutter contre la crise écologique sans passer trop de temps à réfléchir.

Oui, c’est contraire à ce que l’on a l’habitude d’entendre. Alors allons voir pourquoi il peut être bénéfique d’accélérer le passage à l’action et à l’adoption d’écogestes.

Attention départ !

P.S. : Si vous rejoignez l’aventure aujourd’hui, je vous conseille de lire les épisodes dans l’ordre. Ce sera plus facile à lire et c’est comme cela que cette newsletter vous apportera le plus. Pour lire le premier épisode, c’est par ici.

Intro

“Ecogeste” est un terme à peu près tout aussi apprécié que l’écologie. (Pour savoir pourquoi on n’aime pas entendre parler d’écologie, vous pouvez lire l’épisode #01 “Vade Retro l’écolo”).

On les assimile souvent à des actions qui viennent compliquer un quotidien déjà bien chargé.

Trop souvent, on a l’impression de bien faire et puis, paf la girafe, on nous apprend que finalement, ce n’est pas si bien que ça ou aussi bien qu’on le croit. Et ça, c’est démotivant.

On ne nous simplifie pas toujours la tâche. Il faut :

se transformer en apprenti-chimiste pour comprendre la liste des ingrédients de produits courants et identifier ceux qui sont à risques.
devenir une centrale d’achat si on est exigeant sur les produits qu’on achète.
faire face à son entourage, pour justifier le fait qu’on se préoccupe de l’avenir de nos enfants... youpi !

Alors pourquoi se lancer malgré tout dans l’aventure des écogestes sans attendre ? Nous allons voir ensemble qu’il y a plein de raison d’y aller.

1- C’est quoi un écogeste ?

Définition

On a l’habitude d’en entendre parler, mais si on nous demande de le définir, on n’a pas forcément une phrase simple à ressortir spontanément.

On présente souvent un écogeste comme une action ou une habitude effectuée de façon à diminuer la pollution ou son impact environnemental.

C’est un peu dommage de le présenter comme un moyen de limiter son impact pour 2 raisons :
1️⃣ Cela donne l’impression que notre modèle de société peut rester tel qu’il est.
2️⃣ Dit comme cela, c’est un peu comme si on demandait à un homme qui bat sa femme de taper un peu moins fort.

Un écogeste, c’est une action qui permet de faire un petit pas vers le futur que l’on voudrait pour nous et nos enfants. C’est une action raisonnée qui traduit la volonté de préserver le vivant et d’œuvrer pour la justice sociale.

Un écogeste, cela peut être :

Tout petit : utiliser des sacs de courses réutilisables, prêter/emprunter des équipements plutôt que d’acheter, donner ce dont on a plus besoin à une association, préférer la marche ou le vélo pour les petits trajets ….
Plus grand : participer à la vie locale, consommer des produits éthiques, bio, locaux, et de saisons, devenir végétarien, s’engager dans une association, abandonner la voiture individuelle, changer de métier …

Bref un écogeste, c’est avant tout un geste pour notre bien et celui des générations futures. Mais comme tous les gestes “pour notre bien” il faut parfois se méfier un peu de l’utilisation qu’on peut en faire.

Précautions d’utilisation

On prête trop souvent aux écogestes individuels, une dimension qu’ils n’ont pas. Quand ils sont mis en avant, c’est fréquemment pour :

Nous faire sentir individuellement coupable de la crise écologique.
Nous donner ainsi l’impression que la solution repose principalement sur nos épaules de citoyens, quelle pression !

Les gestes que nous pouvons faire à titre individuel ont un impact indéniable, mais ils sont insuffisants.

"Faire croire que les individus pourraient résoudre la crise écologique avec des gestes individuels est non seulement faux mais assez dangereux." Cyril Dion

État, entreprises, citoyens faisons tous partie intégrante du problème qui génère la crise écologique actuelle. Les solutions impliquent des actions individuelles et collectives. C’est ensemble que nous nous en sortirons.

Rappelons-nous que les écogestes individuels sont avant tout des actions qui permettent de faire un petit pas vers le futur que l’on voudrait pour nous et nos enfants. Ils ne sont pas suffisants, mais ils sont indispensables et il y a plein de bénéfices à s’y mettre. C’est ce que nous allons voir dans la partie suivante.

2- Les 3 bonnes raisons de s’y mettre

Comme nous l’avons évoqué dans la partie précédente, nous avons TOUS notre rôle à jouer dans la transition écologique. Les gestes individuels comptent, et c’est important d’être clair sur ce pourquoi ils comptent au-delà de leur efficacité concrète.

1️⃣ Agir pour se sentir aligné avec ses valeurs

“Prendre une part active à l’avenir de notre humanité, se réapproprier ses choix, cesser de coopérer avec le système qui nous broie : il y a du défi et de la fierté dans cette forme de sobriété.” Corinne Morel Darleux - Autrice, essayiste, chroniqueuse et militante éco-socialiste.

Cette phrase est extraite de l’essai de Corinne Morel Darleux, intitulé “ Plutôt couler en beauté que flotter sans grâce”.

Je retiens de ce livre que tous nos gestes individuels représentent autant de grammes de panache dans notre monde de brutes.

Tous les écogestes sont un peu des actes de rébellions qui nous permettent petit à petit de reprendre le contrôle sur le futur que nous souhaitons.

Ce que nous choisissons de mettre en œuvre est un moyen de nous sentir plus alignés avec nos valeurs. Et on se sent fiers de nous quand on réalise quelque chose qui nous semble bien non ?

Ce sentiment n’est pas le seul bienfait du passage à l’action, c’est aussi un très bon moyen de faire diminuer l’éco-anxiété.

2️⃣ Agir pour lutter contre l’éco-anxiété

“L’éco-anxiété est l'expression de fortes émotions face à la dégradation de l'état de la planète, de la pollution, la dégradation des sols, l'effondrement de la biodiversité, la gestion de l'eau, ou encore le réchauffement climatique.” Source Wikipédia

Charline Schmerber – Praticienne en psychothérapie, a mené une enquête en 2019 pour caractériser l’éco-anxiété.

Son objectif était de chercher à comprendre le phénomène pour pouvoir mieux accompagner ses patients.

Au cours de cette enquête, elle a découvert que pour 61% des personnes qu’elle a interrogé, l’éco-anxiété a été un moteur pour les pousser à l’action et les aider à diminuer cette émotion.

Le fait de devenir acteur change notre positionnement par rapport à un problème :

Quand on est “spectateur” d’un problème, on le subit, on se laisse envahir par les émotions qu’il génère chez nous.
Quand on devient “acteur”, on a un moyen d’agir et on se concentre dessus. On se laisse moins envahir par les émotions négatives.

Charline Schmerber souligne l’importance de choisir des actions qui sont justes pour celle ou celui qui les entreprend.

L’utilité et l’intérêt des écogestes seront perçus différemment en fonction de votre vécu, de votre style de vie, de l’environnement dans lequel vous habitez, … etc.

Faire de son mieux sur la durée, c’est beaucoup. On en fait souvent plus que ce que l’on croit.

Et puis parfois l’impact réel de votre geste ne se trouve pas dans son résultat, mais dans sa capacité à donner envie aux autres d’agir.

3️⃣ Agir pour inspirer et de convaincre son entourage

Agir pour inspirer et de convaincre son entourage, on peut appeler cela l’exemplarité. C’est un principe éducatif qui marche très bien chez les enfants, mais chez les adultes aussi.

On est souvent confronté à des images de personnes qui ont fait des changements dans leur vie qui nous semblent fous. Quand la marche à franchir est trop grande, on peut se sentir découragé, voire agressé, car l’objectif est trop éloigné de notre domaine du possible.

En revanche, quand un proche vous explique comment il a trouvé une bonne recette de plat végétarien simple à préparer, l’action devient possible et vous aurez peut-être même envie de la réaliser.

Cela peut même être l’occasion de faire changer d’avis une personne qui aurait des à priori. Et ça, c’est super fort ! Pourquoi ? Car c’est le meilleur moyen de démultiplier l’impact d’une action.

Pour conclure sur ce dernier point, je vous propose de terminer par un exemple de somme d’actions individuelles qui a eu une portée collective :

Avez-vous entendu parler du mouvement “Flygskam” chez nos voisins Suédois ? Ce terme signifie ‘honte de prendre l’avion’. Il a été utilisé en 2018 dans la foulée des grèves scolaires initiées par Greta Thunberg. Le “Flygskam” s’est accompagné du développement du sentiment de fierté de prendre le train. Il est évoqué comme étant à l’origine de la baisse du trafic aérien et d’une recrudescence du trafic ferroviaire. Mais ce n’est pas tout ! Selon Novethic, le gouvernement suédois a dû ouvrir des lignes de train de nuit supplémentaires pour faire face à la demande grandissante.

Agir en cohérence avec ses valeurs à de nombreux impacts positifs : pour soi, pour dompter son éco-anxiété et pour embarquer d’autres personnes dans l’aventure. Passer à l’action, cela fait du bien, voyons maintenant pourquoi il ne faut pas perdre de temps avant de ce lancer.

3 - Le 4ème effet KissKool : agir pour comprendre

On dit souvent, et à raison, qu’avant de résoudre un problème, il faut prendre le temps de bien le comprendre. Prendre le temps ne veut pas toujours dire réfléchir et faire des conjectures. Je constate au quotidien, qu’une approche “test & learn” est très efficace.

La base

La base, c’est quand même d’avoir identifier le problème de fond. C’était l’objet de l’épisode précédent. En version courte : la crise écologique c’est une remise en cause de notre société, de la surconsommation, de notre vision de la réussite et du développement. Le dérèglement climatique, l’érosion de la biodiversité, la pollution des sols, de l’eau, … en sont les conséquences.

Pourquoi est-ce important de le savoir ?
➡️ Si on ne tient compte que des conséquences sans résoudre le problème de fond, cela revient à tenter de remplir de plus en plus vite un seau percé.
➡️ Si on se focalise sur un point sans tenir compte de la problématique dans son ensemble, on risque d’aggraver la situation ailleurs. Ce serait comme vouloir remplacer le réservoir de lave-glace dans le moteur d’une voiture par n’importe quel réservoir plastique, sans tenir compte de la température de moteur quand il est en marche.

Réfléchir, c’est bien, mais il y a des limites. On idéalise plein de choses quand on reste bloqué à l’étape réflexion : des freins qui n’en sont pas, des bénéfices illusoires,…

Passer à l’action est essentiel pour se rendre compte de la réalité du résultat obtenu et pour comprendre comment progresser. C’est d’ailleurs comme cela que ça se passe pour l’impact chez Pimpant.

Agir en mode test & learn : comment ça se passe chez Pimpant ?

On a une idée directrice, notre raison d’être : “aider chacun à devenir acteur du changement pour dessiner l’avenir enthousiasmant de nos enfants”. C’est ce qui nous guide.

Au départ, nous avons mis sur le marché du gel douche en poudre, à reconstituer avec de l’eau du robinet dans un flacon pompe en verre rechargeable. On pensait que l’impact serait fou sur l’utilisation du produit au quotidien.

Et puis en parallèle du lancement, nous avons pu réaliser une analyse de cycle de vie de notre emballage (pour la partie produit, les bases de données sont difficilement accessibles), rentrer dans des parcours de labellisation, réaliser notre premier bilan carbone ….

Entre toutes ces informations et la réalité terrain, cela nous a permis de constater que nous avions une bonne marge de progression pour répondre à notre raison d’être.

Avec du recul, cela parait évident 🤷‍♀️… il ne suffit pas d’utiliser un gel douche rechargeable pour changer le monde.

Cela nous a permis de voir que nous pouvions agir sur 3 leviers pour faire grandir notre impact :

L’éducation pour amener notre communauté à devenir des acteurs du changement
La consommation responsable pour accompagner le changement de mode de consommation avec le rechargeable sain & agréable
Le progrès du monde du travail pour expérimenter et mettre en pratique notre vision du futur du travail pour mettre un pied dedans

Et nous continuons à avancer pas à pas. On mesure nos avancées en suivant de près 3 indicateurs : le nombre de flacons plastiques à usage unique évités, le nombre de familles embarquées dans l’aventure et le nombre d’enfants sensibilisés.

Et surtout, on prend du recul régulièrement pour voir si on est sur la bonne voie et trouver de nouvelles pistes pour faire grandir notre impact.

Et tout cela, on ne l’aurait pas appris aussi vite si nous n’étions pas passé à l’action, c’est certain !

Pour terminer cette newsletter, j’ai envie de partager les propos de Michaël V. Dandrieux qui parlait des écogestes sur LinkedIn la semaine dernière.

Il rappelait que les grands événements de l’histoire sont une somme de petites actions, d’interactions … dont il est impossible de retracer la suite : “Qui sait si l'un ou l'autre de ces soutiens, une petite phrase, un signe de désapprobation ou un beau geste a infléchi une décision, évité un affrontement ou mobilisé une foule ?”

Nos écogestes ne changeront pas le monde, mais qui sait l’impact et la répercussion qu’ils auront ? J’espère que maintenant, vous n’avez plus qu’une hâte, c’est de passer à l’action !

Mes idées pour se mettre sur les rails passer à l’action

Il y a plein de bonnes raisons de passer à l’action et ça tombe bien, car il y a aussi “un tout petit peu” urgence à agir. ….. Mais c’est plus simple à dire qu’à faire. Voici quelques pistes d’actions, côté pro 💻 et côté perso 🏡 :

🤔 Le problème : il n’y en a pas qu’un : la crise écologique, c’est chaud à comprendre, les écogestes ont mauvaise presse, c’est un bon outil de culpabilisation…

🤯 Résultat : Comme c’est compliqué, on peut se sentir impuissant, on peut vouloir passer trop de temps à rentrer dans les détails et on ne fait pas grand-chose...

💻 Pistes d’actions côté pro 💻

Pour se mettre sur les rails pour passer à l’action sur le volet impact, il y a plusieurs options :

Réfléchir à sa raison d’être et aux objectifs de développement durable que l’on souhaite défendre au travers d’actions est un bon point de départ et une bonne manière de structurer une feuille de route.
Il existe des plateformes de notation RSE qui permettent de faire un bilan de ses actions en cours telles que Zei et WeAct4Earth. Elles présentent plusieurs intérêts : mettre en place des indicateurs RSE, aider à définir un plan d’action et guider / inspirer le passage à l’action.
Des labels tels que B Corp ou Ocean Approved sont des très bons guides de passage à l’action, mais avec un niveau de difficulté supérieur aux points précédents.

🏡 Pistes d’actions côté perso 🏡

Côté perso, il y a 1 truc qui m’a vraiment aidée, c’est de voir les écogestes comme un moyen de rendre mon quotidien plus simple et plus agréable, par exemple :
- Passer moins de temps sous la douche, ça fait des économies d’eau. Mais ce qui me fait continuer c’est le temps gagné, j’avoue, quelques minutes de sommeil en plus n’ont pas de prix pour moi.
- J’ai abandonné le café en capsules jetables pour le café en vrac, résultat, je bois du café vraiment à mon goût, et c’est ce qui fait que j’ai tout de suite adopté cette nouvelle habitude.
- Avec le rechargeable, la poubelle jaune se remplit beaucoup moins vite, et c’est cool, car sortir la poubelle n’est pas une passion.
Pour avoir des ordres de grandeur en tête et avoir une idée de l’impact de notre vie quotidienne, le calculateur carbone MyCO2 est très bien fait. On est amené à compléter des phrases à trous. Pour chaque option, on voit la différence d’impact.

Mais quoi qu’il arrive, il y a une question basique à se poser, celle de l’utilité de ce qu’on fait. Il existe d’ailleurs une méthode qui s’applique pour les achats, c’est la méthode BISOU.

Si vous avez d’autres pistes d’actions, n’hésitez pas à les partager en commentaires.

Laissez un commentaire.

Je m’arrête là, car la place vient à manquer ! Bonne journée et à jeudi prochain pour un nouvel épisode :)

Florence

Pour approfondir le sujet

2 livres pratico-pratiques :

Ca va changer avec vous ! de Julien Vidal - First (2019)
Et la plateforme https://cacommenceparmoi.org/

Zéro déchet : le manuel d'écologie quotidienne de Julie Bernier - SOLAR (2020)

1 source d’action illimitée : Chiche par MakeSense