đŠ Sweet dreams are made of ... what?
#05 - Pourquoi est-il indispensable de rĂȘver notre futur en grand ?
Bonjour Ă tous đ
Comment allez-vous ? Merci dâĂȘtre de plus en plus nombreux Ă venir par ici. Nous sommes plus de 940. đ
Au programme de cette 5Ăšme Ă©dition, nous allons parler de la difficultĂ© de rĂȘver, mais aussi de lâimportance de le faire, et pas quâĂ moitiĂ© !
Lâembarquement, câest maintenant â” !
P.S. Si vous rejoignez lâaventure aujourdâhui, je vous conseille de lire les Ă©pisodes dans lâordre. Ce sera plus facile Ă lire et câest comme cela que cette newsletter vous apportera le plus. Pour lire le premier Ă©pisode, câest par ici.
Intro
Construire un futur plus juste et enthousiasmant ⊠câest bien joli dit comme cela, mais câest plus facile Ă dire quâĂ concevoir.
Quelles sont les images qui apparaissent quand on vous demande dâimaginer un futur qui vous fait envie ?
Avez-vous une idĂ©e assez nette du quotidien que vous voudriez avoir si on pouvait repartir dâune feuille blanche ?
Jâai longtemps eu du mal Ă rĂ©pondre Ă la fameuse question des recruteurs : âoĂč vous voyez vous dans 5 ans ?â ⊠alors autant vous dire quâimaginer le futur a Ă©tĂ© trĂšs difficile pour moi.
Et un futur diffĂ©rent de ce que nous propose notre sociĂ©tĂ©, nâen parlons pas.
Pourquoi est-ce si difficile ? Câest un vaste sujet que je vous propose de commencer Ă aborder (on ne pourra pas tout faire en 1 fois đ ) avant de parler de lâintĂ©rĂȘt de rĂȘver et dâimaginer notre futur en grand !
1- Un futur qui fait rĂȘver, il y a un mot pour ça
Câest un mot qui commence par âuâ et qui finit par âieâ âŠ
âŠ. (roulement de tambour đ„) câest une utopie bien sĂ»r ! Quand on regarde la dĂ©finition proposĂ©e par Larousse ou Le Robert, il y a 2 versions :
âConstruction imaginaire et rigoureuse d'une sociĂ©tĂ©, qui constitue, par rapport Ă celui qui la rĂ©alise, un idĂ©al ou un contre-idĂ©al.â
âProjet dont la rĂ©alisation est impossible, conception imaginaireâ
Version 1 : Lâutopie de Thomas More
Utopie est la traduction de âUtopiaâ le titre du livre de Thomas More, publiĂ© en 1516.
Ce mot a Ă©tĂ© dâailleurs inventĂ© par lâauteur, Ă partir dâun nĂ©ologisme grec qui signifie âqui ne se trouve nulle partâ ou encore âen aucun lieuâ.
Dans âUtopiaâ, Thomas More commence par un dialogue avec un explorateur, puis raconte le voyage de lâexplorateur dans un lieu imaginaire : lâĂźle dâUtopie.
On y retrouve une critique de la sociĂ©tĂ© anglaise de lâĂ©poque, comme par exemple le dĂ©veloppement de lâindustrie lainiĂšre qui a eu pour consĂ©quence de priver de travail de nombreuses familles.
Sur cette Ăźle, ce qui compte, câest le bonheur social. Il nây a pas de monnaie, mais des Ă©changes collectifs. Tout ce dont les habitants ont besoin pour vivre leur est donnĂ© sans aucune contrepartie. Les utopiens sont pacifistes et ne se battent que pour se dĂ©fendre.
Au travers de ce livre, Thomas More propose un modĂšle de sociĂ©tĂ© fictive idĂ©ale, en rĂ©action Ă ce quâil se passe en Angleterre Ă lâĂ©poque.
Ce livre, bien que controversĂ©, a laissĂ© indĂ©niablement une trace dans lâhistoire. Le mot âutopieâ a fait son entrĂ©e dans le dictionnaire en 1611 pour dĂ©signer un genre littĂ©raire dĂ©crivant des sociĂ©tĂ©s imaginaires idĂ©ales.
Version 2 : Vers lâutopie dâaujourdâhui
Petit à petit, les écrivains ont proposé des utopies de plus en plus romanesques et de moins en moins politiques.
Karl Marx serait le premier à avoir donné une connotation péjorative au mot utopie en les présentant comme trop déconnectées des contraintes du monde réel.
Si lâutopie reste un genre bien prĂ©sent dans lâart, dans le langage courant, quand on qualifie un projet dâutopique, câest une maniĂšre de dire quâil est trop irrĂ©aliste et par extension irrĂ©alisable. Ce nâest pas les hippies qui diront le contraire.
Et ça, câest un problĂšme
Câest quoi le binz ? Câest difficile de croire quâil est possible dâimaginer un modĂšle de sociĂ©tĂ© souhaitable si les utopies sont relĂ©guĂ©es aux rayons bisounours et contes de fĂ©es.
Et cela est dâautant plus difficile dans une sociĂ©tĂ© qui nous vend une vie soi-disant rĂȘvĂ©e accessible avec une carte bleue.
On est enfermĂ© dans ce schĂ©ma depuis toujours et de tous les cĂŽtĂ©s. Alors il devient trĂšs dur de sâen extraire et de croire quâon peut ĂȘtre heureux autrement.
Une utopie ce nâest pas nĂ©cessairement une vision oĂč tout le monde a un corps parfait, dans des vĂȘtements parfaits, avec des vies parfaites et une licorne comme animal de compagnie.
Des utopies donnent lieu Ă des rĂ©alitĂ©s bien concrĂštes. Câest important de se rappeler que câest possible. Et câest ce dont nous allons parler dans la partie suivante.
2- Les utopies, câest possible
⊠mĂȘme sans la carte kiwi ! (Si vous nâavez pas la ref, câest par ici)
âTout ce qui est possible a dâabord Ă©tĂ© impossibleâ
Alice Carabédian - Utopie Radicale - SEUIL (2023)
Les utopies dâavant
Câest avec cette phrase quâAlice CarabĂ©dian, , docteure et chercheuse en philosophie politique, commence son livre âUtopie radicaleâ.
Câest important de se rappeler, surtout quand on est enfermĂ© dans un schĂ©ma de pensĂ©e, que : ce qui est possible aujourdâhui, ne lâa pas toujours Ă©tĂ©, dans le meilleur comme dans le pire dâailleurs.
Ici, nous allons plutĂŽt nous concentrer sur le meilleur : des projets fous et dĂ©sirables voient le jour, câest une rĂ©alitĂ©.
Câest bien grĂące Ă des idĂ©es qui devaient sembler complĂštement irrĂ©alistes que la sĂ©curitĂ© sociale est nĂ©e rappelle Sandrine Roudaut, autrice, perspectiviste et confĂ©renciĂšre.
Nous avons dâautres exemples pas si lointains :
la fin de la ségrégation raciale aux Etats Unis,
le droit de vote pour les femmes en France,
le droit de pouvoir exister lĂ©galement sans avoir de mari, âŠ
Et nous avons aussi des exemples actuels đ
Les âutopiesâ de maintenant qui redonnent du sens au mot âutopieâ
Henri Poulain, du collectif Datagueules a rĂ©alisĂ© une sĂ©rie documentaire de 6 Ă©pisodes intitulĂ©e : âUtopie.s ?â
Ă la base, lâĂ©quipe voulait prendre des exemples dâutopies rĂ©elles les plus diffĂ©rents possibles : aussi bien des visions Ă©cologiques, que transhumanistes ou techno-centrĂ©es.
Mais Henri Poulain explique dans une interview sur Blast, quâils nâont finalement trouvĂ© que des projets concrets sur le thĂšme de la transition Ă©cologique.
N.B. âThe Lineâ a Ă©tĂ© identifiĂ© par exemple, mais ce projet nâĂ©tait quâune vidĂ©o au moment du tournage et il est loin dâĂȘtre prĂȘt.
Les 6 Ă©pisodes montrent des exemples trĂšs diffĂ©rents dâutopies rĂ©elles :
Des ZADistes belges qui continuent leurs luttes aprÚs le démantÚlement de leur ZAD
Une ferme permacole au Pays Basque
Une oasis de paix à quelques km de Tel-Aviv qui rassemble juifs, chrétiens et musulmans
Sarayaku : un territoire et un peuple situeÌs au nord de lâAmazonie qui dĂ©fend son territoire et sa culture
Le Mouvement des sans terres au BrĂ©sil, un mouvement fĂ©ministe, Ă©cologiste et Ă©galitaire qui lutte contre lâagro-buisiness
Longo-Maï, un réseau de fermes autogérées en Ukraine.
Ce que je retiens de cette sĂ©rie documentaire câest que :
Tous ces projets ont été des idées à la base, qui devaient sembler impossible pour beaucoup.
Chacun de ces projets correspond Ă un contexte, Ă des problĂ©matiques locales, et aux personnes qui les font exister. Il nâexiste pas une vision unique, mais des projets locaux adaptĂ©s.
Une utopie est une image en mouvement qui doit ĂȘtre rĂ©Ă©valuĂ©e et remise en cause au fur et Ă mesure de sa concrĂ©tisation, car les dĂ©rapages ne sont jamais loin.
On est trĂšs loin des images instagrammĂ©es, idylliques et paradisiaques quâon a tendance Ă associer au mot utopie.
Il y a un trĂšs grand Ă©cart entre la version de la vie rĂȘvĂ©e Ă la mode sociĂ©tĂ© de consommation et les exemples proposĂ©s ici.
Pourtant, ce sont bien de grands rĂȘves qui en sont Ă lâorigine.
Et puis cela remet les idées en place aussi.
Car finalement, imaginer une sociĂ©tĂ© dans laquelle mes filles nâauraient jamais Ă se prĂ©occuper de savoir si elles pourront manger Ă leur faim, se sentiraient en sĂ©curitĂ©, aimĂ©es, libres de penser, sereines pour leurs propres enfants ⊠câest infiniment plus enviable quâun futur rempli de galĂšres quotidiennes pour une rolex et des belles photos pour les rĂ©seaux sociaux.
On a vu ensemble que le point commun de ces utopies, câest leur origine : une idĂ©e, un rĂȘve. Ceci nous emmĂšne tout droit vers la troisiĂšme partie consacrĂ©e Ă lâintĂ©rĂȘt de rĂȘver notre futur en grand.
3 - LâintĂ©rĂȘt de rĂȘver notre futur en grand
Attention, je vais enfoncer violemment une porte ouverte. Mais des fois, ça fait du bien.
Pour quâun projet devienne concret, Ă la base, la toute premiĂšre Ă©tape, câest quâil soit une idĂ©e dans la tĂȘte de quelquâun. Cela paraĂźt Ă©vident hein ? Mais on a un peu trop tendance Ă lâoublier.
Câest lâobjet dâune mĂ©thode utilisĂ©e en thĂ©rapie cognitivo-comportementale trĂšs efficace pour se lancer dans de nouveaux projets. En rĂ©sumĂ© :
Le principe, câest de commencer Ă penser Ă un projet qui vous semble un peu trop inatteignable.
Ensuite, on imagine les grandes Ă©tapes Ă franchir pour y arriver. Câest un peu comme rajouter des barres sur une Ă©chelle pour que la distance entre chacune dâentre elles soit moins grande.
Enfin, on réfléchit à la premiÚre micro étape pour se mettre en mouvement, un truc simple, rapide, activable, et concret.
Et bien pour le futur que nous voulons, câest pareil. Pour quâil prenne vie, dâabord il faut lâimaginer, câest le premier pas indispensable pour se donner une chance de le concrĂ©tiser.
Maintenant que notre porte ouverte est bien enfoncĂ©e, on peut parler de la nĂ©cessitĂ© de rĂȘver en grand.
Dans tous les exemples citĂ©s dans la partie prĂ©cĂ©dente, on a un fil conducteur : les idĂ©es de dĂ©part Ă©taient des grandes idĂ©es. Ce que je veux dire par lĂ , câest que les femmes se sont battues pour avoir leur autonomie lĂ©gale pour toute la vie, pas uniquement 1 semaine par an.
Et cela aussi, câest important de le noter, car on peut avoir tendance Ă minimiser la portĂ©e dâun projet par modestie, ou pour quâil soit plus rĂ©aliste.
Alors oui, il faut toujours trouver un juste-milieu, mais franchement, est-ce lâidĂ©e de voter 1 fois sur 5 aurait mobiliser autant ? Est-ce quâon a envie de se battre pour des miettes ?
Non seulement, câest important de nous rĂ©approprier le droit et la capacitĂ© de rĂȘver notre futur, mais câest tout aussi important de ne pas le faire Ă moitiĂ©.
Et enfin, se rassembler autour de valeurs communes et positives, câest trĂšs fĂ©dĂ©rateur. On dit souvent que seul on va plus vite et quâensemble, on va plus loin.
Mais si vous avez dĂ©jĂ rĂ©ussi un projet en Ă©quipe, vous savez quâensemble on ne va pas seulement plus loin, les rĂ©ussites sont aussi beaucoup plus fortes.
Dans notre sociĂ©tĂ© qui nous pousse de plus en plus Ă lâindividualisme, jâaime bien me rappeler du plaisir que lâon peut ressentir quand on prend part Ă une action collective.
Câest dâailleurs une des raisons qui mâa poussĂ©e Ă abandonner le freelancing pour rejoindre lâĂ©quipe Pimpant.
Quand on regarde ce que lâhumanitĂ© a accompli depuis ses dĂ©buts, câest assez fulgurant non ?
Pour lâinstant, on sâest servi de notre intelligence pour mettre le chaos dans notre Ă©cosystĂšme.
Mais pourquoi ne serait-on pas capable dâutiliser nos apprentissages pour aller vers un avenir plus juste, plus dĂ©sirable tout en contribuant Ă perpĂ©tuer la vie ?
Je suis convaincue que notre vie et notre futur peuvent ĂȘtre plus enthousiasmants que la vision que lâon nous propose aujourdâhui.
Et je compte sur vous pour rĂȘver votre futur en grand !
Mes idées pour reprendre les clés de notre futur
MĂȘme si on nous a un peu savonnĂ© la planche, on a pu voir ensemble que câĂ©tait important et utile de rĂȘver en grand... Mais on fait quoi avec ça ? Voici quelques pistes dâactions, cĂŽtĂ© pro đ» et cĂŽtĂ© perso đĄ :
đ€Â Le problĂšme : Aujourdâhui, il semble irrĂ©aliste de rĂȘver un futur diffĂ©rent et plus enthousiasmant.
đ€ŻÂ RĂ©sultat : On minimise nos rĂȘves, on laisse le futur sâĂ©crire sans nous par fatalisme.
đ» Pistes dâactions cĂŽtĂ© pro đ»
Quand on veut changer le monde de lâentreprise, on peut se prendre beaucoup de murs. Heureusement, il existe de plus en plus de moyens pour nous aider Ă nous projeter et Ă se lancer :
Avec Pimpant, nous avons participĂ© Ă un atelier â1er Acteâ de Ticket for Change lâannĂ©e derniĂšre. Nous avions choisi de lâorganiser lors dâune retreat afin de nous aider pour concrĂ©tiser notre projet dâĂ©colieu. Le principe, câest de se projeter dans un futur positif (il y a des techniques pour cela) pour concrĂ©tiser un projet. CâĂ©tait une super expĂ©rience qui nous a beaucoup aidĂ©s Ă nous structurer et Ă construire une vision commune.
Je ne lâai pas encore essayĂ©, mais le voyage en 2030 glorieuses doit ĂȘtre une trĂšs belle expĂ©rience Ă©galement. Câest un projet montĂ© par Julien Vidal et au vu de son parcours incroyable, ça fait envie !
Et sinon, la CEC propose un nouveau parcours sur le thÚmes des nouveaux imaginaires, une prometteuse expérience collective en perspective !
đĄ Pistes dâactions cĂŽtĂ© perso đĄ
Pour se mettre sur la voie, il y a plusieurs possibilités :
Les 2 premiers ateliers cités plus haut sont proposés en version grand public.
Si vous aimez lire, je vous recommande Ecotopia, dâErnest Callenbach parce que plonger dans le rĂ©cit dâun futur positif est un excellent moyen dâapprĂ©hender le sujet. Jâai vraiment beaucoup aimĂ© ce livre. Il est facile Ă lire et il permet dâapprendre beaucoup.
Et si vous en avez la possibilitĂ©, vous pouvez participer Ă une fresque des nouveaux rĂ©cits ou encore un atelier Bright Mirror pour expĂ©rimenter la possibilitĂ© dâinventer des futurs positifs.
Si vous avez dâautres pistes dâactions, nâhĂ©sitez pas Ă les partager en commentaires.
Il y a encore tellement Ă dire sur ce sujet, jây reviendrais dans de prochains Ă©pisodes, sous dâautres angles. Mais pour aujourdâhui, câest terminĂ©.
Bonne journée :)
Florence
Pour approfondir le sujet
Et bien cette semaine je vous propose un seul livre, mais quel livre ! Il vaut le détour :
Et si ⊠on libérait notre imagination pour créer le futur que nous voulons ?
Câest un livre de Rob Hopkins - Domaine du possible (2020)